E81 - Chère Emilie : je réponds à vos questions
Sur le futur du podcast, ma vie en France, l’apprentissage du français…
Salut 👋
Comme promis, voilà la transcription de l’épisode 81 de Passerelles.
Et toi, est-ce que tu es déjà venu.e en France pour apprendre le français ? Si tu pouvais suivre des cours de français, en France, où préférerais-tu aller ? Et pourquoi ?
Je t’invite à partager ton expérience et tes réflexions avec nous ! Le plus simple, c'est d'écrire un commentaire sous la transcription de cet épisode.
Partager ses expériences, c'est un merveilleux moyen d'apprendre les uns des autres.
Bon week-end,
Emilie
Bienvenue dans Passerelles, un podcast pensé pour éveiller la curiosité des apprenantes et des apprenants de français. Je m’appelle Emilie et cette semaine, comme d’habitude, je vous invite à prendre quelques minutes, pour qu’on réfléchisse ensemble à une question. Dans chaque épisode, j’essaye de vous proposer des sujets différents à explorer. Mon but, c'est juste de partager avec vous quelques pistes de réflexion et de vous encourager à vous poser des questions, en français.
Pour cet épisode, j’ai travaillé un peu différemment. Il y a quelques jours, j’ai demandé aux membres de la communauté du podcast de me poser des questions, pour une nouvelle rubrique qui s’appelle “Chère Emilie”. J’en ai sélectionné trois qui abordent des sujets qui, je pense, pourront vous intéresser. Avant de partager mes réponses avec vous, une information importante : je vous invite à prendre le temps de consulter la description de cet épisode. Vous allez y trouver un lien pour accéder à la transcription. Cette transcription, elle est là pour vous accompagner dans l’écoute. Mon intention cette semaine, c’était de partager quelques idées de manière plus spontanée. Donc, prêtez une attention toute particulière aux différences entre le français écrit et le français parlé. Si vous me suivez sur Instagram, vous avez peut-être vu que j’ai pris plein de notes dans mon carnet. [02:01] L’idée, c’est de partager mes réflexions du moment avec vous. Ensemble, on va d’abord se demander où apprendre le français en France. Ensuite, je vais vous raconter comment je vis mon retour chez moi, après avoir vécu pendant plusieurs années à Taïwan. Et pour finir, on va parler du futur de ce podcast. Réfléchir à ces deux dernières questions, ça m’a emmenée dans des endroits un peu vulnérables. Mais c’est ça aussi la vie : partager ses doutes et ses questionnements pour avancer ensemble.
[02:54] Alors, pour commencer, je vais vous lire la première question qu'on m'a posée :
À votre avis, si quelqu'un veut apprendre le français en France, pendant peut-être trois semaines, est-ce qu'il ou elle devrait rester à Paris, dans une autre grande ville ou dans une petite ville, peut-être à la campagne ?
Alors, quand j'ai vu cette question, je me suis demandé : Est-ce que je suis la personne la mieux placée pour y répondre ? Je suis pas sûre, mais je peux essayer d'apporter quelques pistes de réflexion. Déjà, ça m'évoque une citation qui m'a marquée dans un livre que j'ai lu récemment. Cette citation, elle dit : “Il n'est pas rare que deux élèves comprennent mieux leurs devoirs ensemble qu'avec un enseignant. Un élève peut mieux aider son camarade, car il en sait moins que l'instituteur. La difficulté qu'il doit expliquer, il l'a rencontrée récemment. L'expert l'a rencontrée il y a si longtemps qu'il l'a oubliée.” Je m'éloigne un petit peu de la question. Mais je crois que la personne la mieux placée pour y répondre, c'est une personne qui a vécu cette expérience elle-même. Alors, j'ai posé cette question autour de moi, à plusieurs de mes élèves. Et chaque personne a sa propre expérience. Et donc, il y a autant de réponses possibles que d'expériences différentes, qui sont propres à chacun et à chacune. Donc, toi, si tu as ce projet, si tu as cette envie de venir passer quelques semaines en France pour prendre des cours de français, la première question que je te poserais, c'est : Toi, où est-ce que tu as envie d'aller ? Est-ce qu'il y a une ville en France qui t'attire en particulier ? Est-ce qu'il y a une région que tu as envie d'explorer davantage ? Personnellement, je sais que si je devais prendre des cours d'anglais en Angleterre ou d'espagnol en Espagne, j'aimerais le faire dans une ville qui m'attire pour une raison pour une autre. En fait, c'est quoi l'intérêt de venir en France pour apprendre le français ? C'est aussi pour être en immersion dans un environnement qui te plaît, je crois. Donc, c'est la question que je t'invite à te poser : Toi, où est-ce que tu as envie d'aller ? À partir de ça, tu vas pouvoir cibler tes recherches et trouver une école, une structure qui répond à ce que tu recherches, justement. Évidemment, on peut prendre un peu de recul et se demander : Est-ce qu'il y a des avantages ou des inconvénients à choisir Paris ? On pourrait se poser la même question pour les autres grandes villes, pour les petites villes ou encore la campagne. Après tout, tu viens en France pour pratiquer le français pendant les cours, mais aussi dans des situations du quotidien, c'est-à-dire dans la rue, dans les commerces, dans les musées, etc. J'ai souvent entendu dire que c'était plus compliqué de pratiquer le français à Paris dans les situations du quotidien. Mais je me demande... Et j'en profite pour vous poser la question, à vous. Cette idée que, quand on est à Paris, les gens basculent automatiquement à l'anglais, est-ce que c'est un cliché ou est-ce que c'est le reflet de la réalité ? Je sais pas. Mais j'imagine que dans une petite ville ou à la campagne, on va moins rencontrer ce type de difficulté. Dans son message, la personne soulève un autre point important. Au-delà du choix de la ville, de l'école dans laquelle on va s'inscrire, il y a plus largement la question du coût de la vie. Le voyage, l'hébergement, les cours... Tout ça, ça représente un budget bien sûr, en fonction de la destination qu'on choisit. Est-ce qu'il vaut mieux prendre des cours de français à Paris ou ailleurs en France ? Vous l'aurez compris, j'ai pas de réponse définitive à cette question. Quand on me demande des conseils pour choisir une destination en France, pour des vacances par exemple, j'encourage toujours les gens à explorer ce pays à travers d'autres villes que Paris. Il y a tellement de jolis coins à découvrir. C'est dommage de se limiter à la capitale. Même si je comprends pourquoi c'est une ville qui attire les gens. Après, c'est un conseil qui est basé sur des critères très subjectifs.
[07:42] L'idée que je vous invite à retenir, la question à se poser, c'est vraiment de s'interroger sur ce qu'on attend de ce voyage et de ces cours. À Paris ou ailleurs en France, on peut progresser en français en se donnant les moyens, soit en trouvant l'école qui nous correspond, soit en trouvant d'autres manières de s'immerger activement dans cette langue. Où apprendre le français en France ? Cette question, j'en ai souvent discuté avec mes élèves. Ce que je peux faire, c'est partager quelques éléments de leurs réponses avec vous. Par exemple, j'ai une élève qui a suivi des cours dans deux Alliances Françaises en France. Les Alliances Françaises, je suis quasiment certaine que vous en avez déjà entendu parler. En fait, c'est tout un réseau international d'écoles qui sont implantées un peu partout dans le monde. Et donc, cette élève, elle a pris des cours à l'Alliance Française de Paris et à celle de Strasbourg aussi. Et donc, elle, elle m'a dit qu'elle a eu une très bonne expérience à Paris. C'est certainement lié à la qualité des cours. Mais je dois préciser que c'est quelqu'un qui aime énormément cette ville. Donc, ça revient à ce que je disais sur le fait de choisir une destination qui nous plaît. Je pense que, son amour pour cette ville, ça a participé à embellir cette expérience. Par contre, elle garde un moins bon souvenir de son expérience à Strasbourg. Alors, ça dit rien sur la qualité des cours. Je suis pas là pour dire : cette école est bien et cette école est nulle. C'est pas du tout le propos. Tout simplement, les cours ne correspondaient pas à ses attentes. Quand on s'inscrit dans une école, même si on s'est renseigné sur les cours, c'est toujours un risque possible d'être déçu à l'arrivée. D'où l'importance de communiquer. C'est-à-dire qu'il faut pas hésiter à contacter des écoles pour leur poser des questions sur leurs programmes, sur leur manière de fonctionner, sur les activités qui sont organisées. Donc, pour ça, c'est utile d'avoir une vision plus ou moins claire des aspects sur lesquels vous voulez vous concentrer dans votre apprentissage. Pour trouver l'option qui vous correspond le mieux, à vous. Ce qui serait vraiment intéressant pour continuer cette conversation, c'est que vous aussi vous répondiez à cette question. J'imagine que, parmi vous, il y a des personnes qui sont venues en France pour apprendre le français. Et ce serait super que vous puissiez partager votre expérience avec les auditeurs du podcast. Le plus simple, c'est d'écrire un commentaire sous la transcription de cet épisode. Partager ses expériences, c'est un merveilleux moyen d'apprendre les uns des autres.
[10:54] Alors, on va passer à la deuxième question :
On partage l'expérience de retourner au bercail après avoir vécu dans d'autres pays pendant quelques années. C'était quoi le plus difficile dans le fait de retourner vivre chez toi ?
Alors, pour remettre un peu les choses dans leur contexte, si parmi vous il y a des personnes qui connaissent pas trop mon histoire personnelle : pendant sept ans, j'ai vécu à Taïwan. Je suis arrivée là-bas un peu par hasard. Et puis j'ai rencontré quelqu'un. Et ce quelqu'un est devenu mon mari aujourd'hui. Je précise que mon mari est Taïwanais. Et c'est aussi pour ça que je suis restée là-bas aussi longtemps. En décembre 2021, avec mon mari, on est venus s'installer en France. Et donc, pour reprendre l'expression utilisée dans la question, je suis rentrée au bercail. C'est une expression qu'on utilise quand une personne est de retour chez elle après une longue absence. Donc, effectivement, ça fait environ un an et demi qu'on vit au Pays Basque. Parce que c'est la région où je suis née tout simplement. Et puis ma famille vit toujours ici. Avant de répondre à la question et avant d'évoquer les côtés difficiles de ce retour, j'ai quand même envie de m'arrêter sur les côtés positifs. Si vous me demandez pourquoi je suis revenue vivre en France ? La raison principale, c'est pour me rapprocher de ma famille. Dans le passé, j'ai fait un épisode du podcast avec ma sœur. J'en ai fait un autre récemment avec ma mère. Donc, je pense que vous commencez à comprendre que, dans ma famille, il y a un lien très fort qui nous unit. Et puis, j'ai la chance d'avoir mes grands-parents maternels qui sont encore en vie. Ils sont très âgés aujourd'hui. Puisqu'ils ont quatre-vingt-onze et quatre-vingt-quinze ans. Et vraiment, ils sont encore en bonne santé, surtout pour leur âge. Et donc, ça me tient à cœur d'être présente pour eux, et plus largement de pouvoir passer du temps avec mes proches. Parce que ça n'a pas de prix. À côté de ça, c'est vrai qu'il peut y avoir des choses difficiles dans le fait de revenir vivre dans son pays natal, notamment quand on a vécu longtemps à l'étranger. Ce qui est mon cas. Alors, qu'est-ce qui est le plus difficile depuis notre retour ici ? L'administration ! L'administration française... Je savais que ça allait être compliqué, mais je pense que j'étais pas prête pour la réalité. Bon, j'avoue que c'est mon côté un peu râleur qui ressort. En réalité, rien n'est en surmontable. C'est juste que tout prend une éternité. Donc, je pouvais pas parler des difficultés sans mentionner tout le côté administratif. Mais, pour être un peu plus “sérieuse”, entre guillemets, le plus difficile dans ce déménagement, pour moi, c'est de gérer ce bouleversement. Ce que je veux dire, c'est que c'est un bouleversement profond de faire ce choix de laisser derrière moi une vie que j'ai construite pendant sept ans à Taïwan, pour aller construire une autre vie, ou en tout cas pour aller ouvrir un nouveau chapitre ailleurs. Même si cet ailleurs, c'est ton pays d'origine, ça reste un bouleversement énorme. C'est comme ça que je l'ai vécu en tout cas. La transition de la France vers Taïwan, elle a presque été simple et insouciante. Parce que j'avais la vingtaine et je partais pour aller construire ma vie de jeune adulte. La transition de Taïwan vers la France, je la trouve plus difficile. Ça fait un an et demi qu'on est ici et j'ai encore le sentiment de pas être à ma place, ou plutôt de pas être là où je devrais être, à ce stade de ma vie. Je parle de place parce que, en ce moment, je suis en train de lire un essai passionnant sur ce sujet. C'est un essai écrit par la philosophe Claire Marin. Ça s'appelle Être à sa place. Cette lecture, elle fait écho à ce sentiment de décalage que je ressens parfois. En ce moment, avec mon mari, on est revenus vivre chez ma mère. On est dans une situation privilégiée qui nous permet de cohabiter dans cette maison familiale. Je suis très reconnaissante de pouvoir compter sur le soutien de notre famille. Après, il y a mille raisons pour lesquelles on habite dans cette maison. Déjà, le marché immobilier au Pays Basque, il est hyper tendu. Mais ça, c'est un autre sujet. Et puis, c'est aussi lié à cette difficulté dont je parlais de retrouver ses marques, de retrouver une certaine stabilité. Avec mon mari, on a plein de projets. L'un d'entre eux, c'est de trouver notre chez nous d'ici la fin de l'année. Donc, croisez les doigts pour nous. On va avoir besoin d'un petit peu de chance, je crois.
[16:46] On termine avec la troisième et dernière question :
Est-ce que c'est une bonne affaire de créer un podcast, par rapport à donner des cours ?
D'abord, je dois dire que je trouve cette question super pertinente. J'adore le fait qu'on m'ait posé une question si directe. Une question sans ménagement. Et la personne qui m'a écrit sait que je vais pas mal le prendre. Dans cette question, ce que je comprends, c'est : Est-ce que je gagne mieux ma vie grâce à Passerelles ? En comparaison à une époque où mon activité principale, c'était donner des cours de français. Alors, je vous le dis tout de suite : absolument pas. Enfin, je précise que cette réponse, elle est valable pour ma situation à moi, actuellement. La personne qui pose cette question, elle remarque que de plus en plus de profs choisissent de se concentrer sur la création de contenu, c'est-à-dire des podcasts, des vidéos sur YouTube, sur Instagram, sur TikTok, au lieu d'enseigner à travers des cours. Et donc, elle se demande si c'est parce qu'on gagne mieux sa vie comme ça, ou s'il y a d'autres raisons pour lesquelles ils veulent plus travailler avec des étudiants. Là encore, je peux seulement parler de ma propre expérience d'enseignement en ligne. Quand tu lances un programme, quand tu testes des manières d'enseigner qui sortent un peu des formats “traditionnels”, entre guillemets, je crois que ça vient d'une volonté de retrouver un peu plus de liberté, un peu plus de contrôle sur son temps. Parce que ça te permet de sortir d'un système où tu vends ton temps pour gagner ta vie. Et ce système, il est pas toujours viable sur le long terme. En vrai, c'est difficile de répondre à cette question. Il y a toute une réflexion à avoir sur la passion. Même si, un jour, j'arrive à gagner ma vie correctement grâce à Passerelles, j'aurais du mal à imaginer une carrière où j'arrêterais complètement les cours. J'ai cette chance de faire un métier qui me passionne. Et ce qui me passionne, c'est cette interaction avec les élèves. C'est cette connexion, ou plutôt ce lien qui se tisse au fil du temps, le fait de les voir progresser. Ça peut paraître paradoxal mais aujourd'hui, dans ma carrière, je me sens à la fois comblée et anxieuse. Parce qu'aujourd'hui, j'ai une situation professionnelle qui est un peu déséquilibrée. Et c'est pas évident de le dire à voix haute. Parce que ça me place dans une position vulnérable. Depuis deux ans et demi, je produis Passerelles gratuitement, c'est un podcast sans pub et ça, ça me tient vraiment à cœur. Donc, quand j'ai lancé la communauté du podcast sur Patreon, évidemment que d'une certaine manière c'était un moyen d'essayer de financer mon travail. Mais c'est aussi un espace où j'enseigne autrement. J'enseigne en partageant des ressources qui accompagnent les épisodes du podcast. J'enseigne en répondant à des questions comme aujourd'hui, en organisant des discussions sur Zoom. C'est un espace où on apprend les uns des autres à travers nos échanges, un espace qui évolue et qui continue de se construire. Et si Passerelles existe encore aujourd'hui, c'est parce que c'est un projet qui me passionne bien sûr. Mais c'est aussi parce que, parmi vous, il y a des auditeurs et des auditrices qui me font confiance, qui ont rejoint cet espace et qui m'aident par leur soutien et par leurs retours à construire un futur pour ce podcast. C'est pour ça que vos retours sont essentiels dans ce cheminement. Je sais pas si je réponds à la question. Mais je me dis que, en partageant mes doutes et mes questionnements avec vous, ça peut faire écho à votre expérience d'apprentissage. Ensemble, on peut apprendre à apprivoiser cette incertitude, à se donner le temps de comprendre, de trouver des solutions à ce sentiment de déséquilibre qu'on ressent parfois.
Voilà ! C’est tout pour cette semaine. Comme d’habitude, je vous invite à rejoindre la communauté du podcast sur Patreon. C’est un espace d’échange où je partage des ressources et les transcriptions des épisodes. Pour soutenir le podcast, vous pouvez en parler autour de vous et mettre une note sur Apple Podcasts et Spotify. Et puis, si vous avez écouté l’épisode jusqu’à la fin, n’hésitez pas à m’écrire pour partager vos réflexions avec moi. En attendant, je vous remercie d’avoir pris le temps de m’écouter aujourd’hui et je vous donne rendez-vous bientôt pour le prochain épisode. À très vite !
Re previous message my email is antoniaharold1@gmail.com
Chère Émile, i am a very enthused listener. I must be very vielle école but I’m not clear how to subscribe - can I email you ? I’m not sure how to navigate substack and I don’t have an instagram account. I’m planning to join Patreon at the beginning of next month but in the meantime is there a simple way to obtain a newsletter or does this require payment ( which I am very happy to do ). Regards Antonia Harold