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Salut 👋
Si tu me suis sur Instagram, tu as peut-être vu passer des Stories où je parle de mon carnet. En avril, je me suis inscrite à un atelier de Nathalie Sejean, Carnet d’idées. Je suis ressortie de cette expérience inspirée, avec l’envie de reprendre le carnet que j’avais laissé de côté depuis presque un an. Ça m’a fait redécouvrir à quel point j’aime cet outil. Pour écrire. Mais surtout pour garder une trace des idées qui m’inspirent.
Quand j’ai posé cette question sur Instagram, beaucoup de personnes ont répondu oui. Ça ne m’étonne pas. Parce que dans la boîte à outils de l’apprenant.e, le carnet est un objet qui peut s’utiliser de mille façons. Pour commencer, quand tu lis un article ou un roman, quand tu écoutes une chanson ou un podcast, tu peux utiliser cet espace pour noter les mots, les expressions, les phrases dont tu as envie de te souvenir.
Parce que l’idée fait écho en toi. Parce que tu aimes la manière dont elle est formulée.
Pour te donner un exemple concret, et par la même occasion te proposer un petit exercice d’écoute, je t’ouvre les pages de mon propre carnet.
En avril, j’ai écouté un épisode du podcast Bienvenue au Club, avec la philosophe Claire Marin. Plusieurs passages ont fait écho en moi. Alors, je les partage avec toi.
Dans ce court extrait, je vois un parallèle avec l’apprentissage. Parfois, on peut avoir l'impression qu'on avance pas, qu'on tourne en rond malgré nos efforts :
C'est la figure de Sisyphe d'une certaine manière qu'on retrouve ici, mais... Il y a quand même aussi cette idée plutôt que le rocher qui dévale après tant d'efforts, il y a aussi l'idée de quelque chose qu'on pourrait résumer avec une forme de spirale. C'est-à-dire : on peut revenir au même point et pourtant on a bougé. On a vu d'autres choses. Donc, il peut y avoir en apparence peu de déplacement et intérieurement, comme vous le disiez tout à l'heure, en fait des ruptures ou des recommencements très forts. Ou des débuts intérieurs, y compris dans une apparente stabilité.
J'ai aussi noté ce passage sur l'importance de célébrer les débuts :
Ce qui m'a marquée, c'est peut-être le manque de rituels aujourd'hui autour des débuts, des débuts et des fins d'ailleurs. Mais il me semble qu'on fête pas assez les débuts. Et que marquer des formes d'accomplissement ou des initiations, c'est quelque chose qui a un sens. Ça nous permet aussi de... peut-être de signaler des accomplissements auxquels on est pas assez attentif.
Mais l’extrait que je retiens, c’est le suivant. Claire Marin y évoque comment les mots, les façons de parler des autres nous inspirent quand nous prenons la parole :
Olivia Gesbert : En littérature aussi, c'est un éternel recommencement ? On est jamais le premier nulle part ?
Claire Marin : Oui, bien sûr. On s'appuie toujours sur ce qu'on connaît, ce dont on s'est imprégné. Parfois, on se rend même pas compte à quel point on reprend les phrases des autres ou leur rythme, des intonations. Donc, il y a sans doute des formes de plagiat involontaires.
On est tellement habité par certaines phrases qu'elles viennent spontanément comme si elles faisaient partie d'un idiome partagé. Donc, on commence toujours au milieu des autres, avec eux et grâce à eux aussi.
Olivia Gesbert : Et Italo Cavino, on recommence toujours à le lire…
Chapitre 1 :
Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi. Écarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague. La porte, il vaut mieux la fermer ; de l’autre côté, la télévision est toujours allumée. Dis-le tout de suite aux autres : « Non, je ne veux pas regarder la télévision ! » Parle plus fort s’ils ne t’entendent pas : « Je lis ! Je ne veux pas être dérangé. »Olivia Gesbert : “Si par une nuit d'hiver un voyageur”, pourquoi ce livre vous a marquée Claire Marin ?
Claire Marin : Parce que sa structure est très étonnante. Parce que je crois qu'à l'époque où je l'ai lu, j'avais peu lu de textes qui commençaient par un tutoiement. Cette interpellation, elle m'avait saisie. Il y avait quelque chose dans la construction qui était assez fascinante. J'étais peut-être jusqu'à présent dans l'idée qu'un roman raconte une histoire. Mais qu'on puisse jouer avec le lecteur, le mener par le bout du nez, ça m'intéressait.
Olivia Gesbert : Vous êtes tombée dans le piège !
Claire Marin : Je suis tombée dans le piège.
Olivia Gesbert : Bah oui ! Vous n'êtes pas la seule.
Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à nous dire, disait donc Italo Calvino. Les morts parlent encore aux vivants. Et les livres de tout âge… de tous les âges discutent avec nous.
Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à nous dire.
Comme toujours, si tu souhaites partager tes réflexions avec moi ou me poser des questions, n’hésite pas à répondre à cette lettre.
À très vite,
Emilie

Au mois d’avril, on s’est demandé pourquoi la réforme des retraites ne passe pas chez les Françaises et les Français. On s’est aussi intéressé au blues du dimanche soir et aux régionalismes. Dans cette section de la newsletter, je reviens sur des expressions que j'utilise dans les épisodes du podcast.
« Le retraité est, selon ses goûts, prêt à prendre du service dans une association ou à “prendre le large” pour découvrir de nouveaux horizons. »
Prendre le large ? Ça signifie s’éloigner ou partir.
Certaines personnes sont touchées par le blues du dimanche soir. Pourtant, cette journée, elle évoque aussi la joie, le plaisir et la détente. Pourquoi, alors que la fin de cette journée approche, certains “ont le cafard” ?
Avoir le cafard ? Ça évoque des idées noires, le fait de se sentir un peu déprimé.
Une vidéo de France Culture a récemment attiré mon attention : d’où viennent les guides de voyage ? “De fil en aiguille”, j’ai lu des articles, j’ai écouté un podcast et c’est comme ça que j’ai découvert le livre de Mathieu Avanzi sur les régionalismes.
De fil en aiguille ? Ça veut dire une chose menant à une autre. On l’utilise pour faire référence à une succession d’événements, quand on passe d’une chose à une autre en suivant une certaine logique.
Si tu as un doute sur un mot que j'utilise dans le podcast, n'hésite pas à m'écrire. Je suis heureuse de t'apporter quelques précisions si tu as des questions !
“Populaire auprès des jeunes, l'eusko pousse les habitants du Pays basque à échanger et à travailler davantage ensemble. Bien plus qu'un moyen de paiement complémentaire, cet outil favorise l'écologie, la solidarité et même la langue qui fait leur fierté.” L'eusko, c'est la monnaie locale qui permet de payer plein de choses au Pays basque, 1 eusko = 1 euro. Martin Delacoux et Sarah Witt sont partis à la rencontre des artisans, commerçants et acteurs de cette économie locale pour le numéro 13 du magazine Zadig.
D’autres idées entendues chez Élise Francisse et notées dans mon carnet : “Plutôt que de tout laisser tomber, j'ai décidé de garder mon sol que j'ai modelé là, depuis tout ce temps, et qui a juste besoin d'être retravaillé, aéré, désherbé, nourri ! […] Ce mois-ci, je veux continuer ce que j'ai déjà commencé à faire ces derniers temps : être honnête et me poser les questions suivantes. Qu'est-ce qui me fait encore du bien ? Qu'est-ce qui m'intrigue ? Qu'est-ce que j'ai envie d'explorer ? Est-ce que je me force à quelque chose qui n'a plus de sens pour moi ?”
P.S. – Je te laisse avec une dernière citation de Claire Marin, tirée du même épisode de Bienvenue au Club : “Je peux identifier ces moments où la force d'un sentiment, d'une sensation physique, l'effet d'une parole ou d'une image font vriller mon esprit, renversent ma représentation du monde.” Passerelles, le podcast et cette lettre, je les vois comme le début d’une conversation. Alors, n’hésite pas à m’écrire si tu as un message à partager avec moi. C’est toujours un plaisir de te lire !
J'aime beaucoup l'idée que l'on imite inconsciemment le style de ses écrivain(e)s préferé(e)s quand on écrit quelque chose soi-même. Je peux me souvenir de plusieurs situations comme cela pendant l'époque quand j'étais à l'université.
J'aime aussi le nouveau format de cette newsletter. C'est bien d'avoir une collection de vos newsletters pour en revenir de temps à temps. Merci pour faire toutes ces efforts! Je te souhaite un bon 1er mai!